Posts tagged ‘tourisme responsable’

Responsable… ou aseptisé ?

Un torero de 9 ans. Photo Gerardo D. Ontiveros

Un torero de 9 ans. Photo Gerardo D. Ontiveros

Scandale lors de la Feria d’Eauze dans le Gers le 5 juillet dernier, marquée par la participation de Michelito Lagravère, un jeune torero vedette franco-mexicain âgé de seulement 11 ans. Bien que les organisateurs se soient défendus d’avoir rémunéré ce jeune participant, l’association Alliance Anticorrida a déclaré qu’il était peu probable qu’une figure aussi renommée au Mexique ait fait le déplacement gratuitement. On est bien loin en effet des bonnes pratiques sociales du tourisme responsable… Le Code du Travail interdit de faire exécuter par des enfants de moins de 16 ans « des tours de force périlleux (…) ou de leur confier des emplois dangereux pour leur vie, leur santé ou leur moralité ». La justice, qui a déjà condamné dans le passé des directeurs d’arènes ayant produit en France des toreros de moins de 16 ans, tranchera et décidera si Michelito – et son frère cadet âgé de 9 ans ! – pourront participer à d’autres ferias françaises cet été.

Choquante, l’idée d’un enfant livré face à un jeune taureau et surtout face au public, cette foule cannibale qui demande toujours plus de sensations fortes. Choquantes, les vidéos de Michelito déguisé comme un grand torero, dans un rôle qui ne paraît pas de son âge. Et choquante aussi, l’idée de ces spectacles venus du fond des temps, mettant en scène la tuerie plutôt sadique d’un animal qui n’a finalement aucune chance, quels que soient les risques pris par le torero.

Le problème c’est que bien des traditions populaires sentent le soufre, et leurs implications sociales et écologiques sont plus que douteuses, sans parler même du respect des normes de sécurité les plus élémentaires. L’Espagne en a son lot : outre les corridas, la côte Méditerranéenne célèbre en ce moment les « Moros y Cristianos« , sorte de remake de la Reconquista – la victoire des Chrétiens sur les Arabes. Pas politiquement correct du tout. Tout cela à grand coup de pétards plus proches de la fusée anti-chars que du gentil joujou, souvent vendus illégalement, et qui provoquent chaque année nombre d’accidents graves. Quant aux célèbres Fallas célébrées dans chaque ville de la côte, elles mettent en scène des statues éphémères de plusieurs mètres de haut, peintes de couleurs vives et brûlées à la fin de la fête dans un nuage de fumées toxiques – autrefois ces statues étaient en papier mâché, mais elles sont aujourd’hui en plastique, plus facile à mouler et moins cher.

Un petit tour du monde des fêtes traditionnelles révèlerait son lot d’artefacts incendiés au bout de quelques jours, d’animaux sacrifiés, de mise en scène de la violence ou de l’exploitation de la femme.. À Bali, les touristes admirent les jolies cérémonies en oubliant que ce sont les femmes qui en payent le prix, passant des heures à fabriquer des offrandes et portant sur leur tête des piles de fruits de plusieurs mètres de haut.

Petit à petit, les pires aspects de ces cérémonies sont effacées au fur et à mesure des protestations et des réglementations. On ne peut que s’en réjouir. Vraiment ? C’est oublier que l’excès, la démesure, la violence, la transgression, sont précisément la raison d’être de ces fêtes, sorte d’exutoire populaire de pulsions plus ou moins avouables que nous abritons tous et qui, si elles devaient exploser au jour le jour, rendraient la société invivable. En bannissant l’excès, quels nouveaux exutoires allons nous offrir à la société ? Les jeux vidéo, les tranquillisants, les films de Hollywood de plus en plus violents ? Pas sûrs que l’on y gagne au change. En attendant, cet été est une bonne occasion de faire le tour des Ferias de France, dont le site Festivals en France nous dresse une liste. Bonnes fêtes !

juillet 17, 2008 at 12:17 Laisser un commentaire

Quand le tourisme se peint en vert…

Tourisme communautaire en ThaïlandeQuand toutes les pubs rivalisent de « développement durable« , quand les vendeurs de séjours dans des ghettos de béton « 8 jours/9 nuits tout compris » nous promettent du « tourisme responsable« , qui croire ? Voyageur, garde les yeux ouverts et ne crois que ce que tu vois.

Depuis les succès de Nicolas Hulot et du Grenelle de l’environnement, le vert de l’écologie est la couleur de rigueur. Un de mes correspondants, militant écologiste de la première heure, a dénombré en une soirée pas moins de 17 pubs TV sur 24 se référant à l’écologie, l’environnement, le développement durable, la qualité de vie… Le vert sert même à vendre des 4×4… qui rouleront aux biocarburants, en oubliant que cette solution n’est viable que si l’on choisit des véhicules à basse consommation, sans quoi il nous faudra choisir entre manger et rouler.

Qu’on l’appelle éco-tourisme, tourisme responsable, tourisme durable… le tourisme n’échappe pas à la vague verte. Pendant longtemps, ce tourisme soucieux de l’environnement et des cultures locales est resté marginal. Ainsi, le responsable d’une agence de voyage m’expliquait, il y a quelques années « Le problème du tourisme responsable, c’est que c’est une niche… » Ah bon ? Faire les choses bien, en essayant de rendre les lieux aussi beaux en partant qu’en arrivant, en traitant humainement les gens qui nous reçoivent sur place, c’est une niche ?

Aujourd’hui, la niche est devenue un boulevard. La consommation responsable a le vent en poupe. Une étude du CREDOC indique que 61% des Français sont prêts à payer un peu plus cher (5%) un produit jugé plus responsable – le travail des enfants étant le sujet qui les préoccupe le plus. Même son de cloche dans une étude réalisée par Ethicity et l’Ademe, ou dans le dernier rapport sur la consommation responsable de MesCoursesPourlaPlanète, qui pointe la hausse de la consommation de produits bio, par exemple. Attention quand même… cette vague du bio serait surtout liée à la volonté de préserver sa santé. Autant dire que faire du bien à la planète est d’autant plus apprécié que l’on se fait du bien à soi-même.

Et c’est là bien sûr que le tourisme est gagnant : le voyageur se fera plus plaisir dans un environnement préservé, et au contact de populations locales ayant gardé leur sourire le plus franc et le plus authentique. C’est sans doute pourquoi, selon une autre étude de la Sofres et de Voyages SNCF, 72% des voyageurs se disent intéressés par un tourisme responsable.

Les professionnels l’ont bien compris, qui s’empressent de verdir leur business avec plus ou moins de sincérité. Des groupes qui ont bétonné plage sur plage s’offrent ainsi un nouveau visage aux couleurs du développement durable… Des guides de voyage qui ont toujours privilégié les adresses les moins chères, qui ne se préoccupent guère de l’impact environnemental des adresses recommandées, et qui n’hésitent pas à envoyer les touristes au bout du monde chez « Mimile, qui est Français », se mettent à parler de respect de l’environnement et des communautés locales. En matière de tourisme comme de voitures, de machines à laver ou de lessives, in fine, seul l’oeil critique du consommateur – ou du voyageur – peut faire la différence entre le discours et la réalité.

Par Anne Gouyon, photo REST (Reponsible Ecological and Social Tours, Thailand) issue du Natural Guide Thaïlande.

février 22, 2008 at 6:27 2 commentaires

Dessine moi… un avion écolo.

avion solaire - source : ESA
Des avions ultra-légers qui carburent aux algues… des planeurs silencieux ornés de panneaux solaires, traversant les continents… J’en ai rêvé, Airbus et Boeing le feront-ils un jour ? Nouvelles de la planète avion-écolo, des ennemis bien difficiles à réconcilier.


Comment, tu prends encore l’avion ? Tu n’as pas honte ? Et la planète, alors ? »
C’est entendu, prendre l’avion en 2008, ce n’est pas très « tourisme responsable ». Le transport aérien représente 4% des émissions de gaz à effet de serre, et un seul Paris-New York aller-retour représente 700 kg d’équivalent carbone émis dans l’atmosphère, alors que chaque Terrien devrait en émettre 500 kg maximum pour stopper la progression du changement climatique. Ajoutons-y les nuisances sonores, les oiseaux grillés dans les moteurs des jets, et les pluies acides liées aux polluants… alors, haro sur l’avion ?

Pas si simple. L’avion à bon marché, c’est aussi la démocratisation du voyage, des échanges, une forme de liberté. Allez dire aux millions de Chinois qui rêvent de visiter Versailles de ne pas prendre l’avion… Et de Singapour à Bombay, les grues tournent pour fabriquer les aéroports « low-cost » de demain.

Les fabriquants d’avion ont pris note du dilemme. Ils savent bien que leurs clients font face à la hausse du prix du pétrole et du coût des émissions de gaz à effet de serre, d’autant plus que l’Union Européenne prévoit d’assujettir l’aviation aux quotas d’émissions de CO2 dès 2011. La contrainte étant mère de la créativité, Airbus, Boeing et la sphère de leurs fournisseurs cherchent des réponses.

Première piste, des avions plus efficaces. Par exemple, l’A380. Parce qu’il peut emporter jusqu’à 850 passagers et parce qu’il bénéficie des dernières prouesses technologiques, ce géant de 80 m de long nous promet une consommation de « seulement » 3 litres de kérozène au 100 km/passager. Soit, ce que vous consommeriez tout seul dans une Citroën C1. Seulement voilà, peu de chance que vous parcouriez 15000 km dans votre C1… le problème de l’avion, ce n’est pas seulement les émissions de gaz à effet de serre au km, mais bien les km parcourus. Il n’en reste pas moins que les nouveaux avions sont environ 30% plus efficaces que les précédents : c’est déjà ça.

Deuxième piste : les nouveaux matériaux. Boeing reprend l’avantage avec son B787, annoncé pour 2008, plus léger grâce à plus de 50% de fibre de carbone dans son fuselage… comme son concurrent l’A350, hélas très en retard. Là encore, des économies de carburant de l’ordre de 20% sont attendues.

Troisième piste : les nouveaux carburants. Airbus reprend l’avantage en étant le premier à avoir fait voler, le 31 janvier, un avion au gaz naturel liquéfié. Les émissions de CO2 restent hélas les mêmes, mais celles de soufre et d’oxyde d’azote sont réduites. Mais l’avenir, ce sont bien sûr les biocarburants. Allons-nous pour autant voler avec du maïs volé, c’est le cas de le dire, aux estomacs des Mexicains ? Ce n’est pas une bonne idée. Mais en testant l’incorporation d’agrocarburants au kérosène, Boeing et Airbus ouvrent la voie à l’utilisation d’autres biocarburants dits de « deuxième » ou « troisième » génération, produits par exemple à partir de micro-algues ou de jatropha, un buisson que l’on peut cultiver dans les déserts. Ils pourraient valoriser des surfaces non dédiées à l’agriculture aujourd’hui.

Dernière piste, cantonnée à la recherche pour le moment : les avions solaires… Testé par l’Agence Spatiale Européenne en partenariat avec Dassault et Altran, le SolarImpulse mesure 70 mètres d’envergure, et n’embarque que son conducteur. On est loin du tourisme de masse. Mais ce planeur futuriste a déjà fait 5500 km et devrait démarrer son tour du monde prochainement.

Bon d’accord, tout cela fait un peu science-fiction. Mais après tout, le rêve d’Icare, pendant longtemp, a paru inaccessible. Alors qui sait ce que, demain, de nouveaux rêveurs sauront faire ?

Par Anne Gouyon. En savoir plus : www.reparerlaplanete.com

février 5, 2008 at 11:25 1 commentaire

Encore un blog!

Nous avons créé la semaine dernière un blog sur le tourisme positif. La grande question de la semaine dernière a été: comment conserver une ligne éditoriale alors que l’on souhaitait parler du tourisme responsable, du voyage sur Internet, de la cartographie, de l’avancement du projet…

Nous avons choisi de conserver un blog sur la problématique du tourisme responsable et d’en créer un second avec nos sauts d’humeur, l’avancement du projet, nos commentaires sur l’actualité Web… Un melting pot destiné aux personnes intéressés par le projet DropTheGuide ou par les projets liés aux voyages sur Internet.

 Bonne lecture!

février 4, 2008 at 9:09 Laisser un commentaire


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